Le Gitane Vuelta de 1980 a pour base un cadre tout Super Vitus 971 qui arrive en troisième position dans la gamme Gitane de l’époque derrière les deux déclinaisons (soit équipées en Campagnolo, soit en Dura Ace) des cadres profilés ou standard en tout Reynolds.
Le cadre Super Vitus est décliné soit avec composants français (modèle justement dénommé « Tricolore »), soit avec composants japonais : c’est le modèle Vuelta dont il est question ici.
Le cadre
Fabriqué à une période transitoire, le cadre est en fait un panachage de Super Vitus 971 et de sa nouvelle déclinaison, le Super Vitus 980. Les raccords restent simples et ne sont pas ajourés, signe qu’on n’est pas tout à fait dans le haut du panier de la gamme Gitane.
Les pattes sont équipées d’œillets de garde-boue, absents des modèles haut de gamme tout Reynolds : le Vuelta est ainsi le vélo parfait pour les entraînements hors saison.
Les mêmes après un petit nettoyage :
Ce cadre correspond à la plus petite taille disponible (hauteur de 50 cm). La longueur de 53 cm (compensée par une petite potence de 80) permet néanmoins d’éviter le toe overlap (rencontre entre le bout de pied et la roue avant) courant sur les petits cadres.
Le contact sera en revanche inévitable si on monte des garde-boue. Les œillets des pattes ne devant toute de même pas nous faire prendre le Vuelta pour une randonneuse.
En 1980, Gitane a depuis quelques années remplacé les colliers de gaines chromés traditionnels par des coulisseaux qui présentent l’avantage de rendre plus facile la maintenance et qui sont aussi censés réduire le frottement du câble :
Les composants
On l’a vu, ce Gitane était en assez bon état et entièrement d’origine. On s’est donc contenté d’un nettoyage / regraissage complet et d’une remise à neuf de la câblerie, des pneumatiques et du ruban de cintre. Le poste de pilotage en particulier avait besoin d’être rafraîchi. Le ruban de cintre noir d’origine était entièrement délavé :
À l’exception des jantes, du cintre et de la potence, les composants du Vuleta sont japonais de la tige de selle à la chaîne en passant par les moyeux et le jeu de direction.
Ce Gitane de 1980 est équipé de la toute première génération de cassettes Shimano Uniglide (UG). À la façon des roues libres Maillard Helicomatic contemporaines, l’extrémité du corps de roue libre est fileté à l’extérieur et le dernier pignon, en s’y vissant, fait office d’écrou de serrage. Ce n’est que plus tard que le filetage sera à l’intérieur du cylindre comme sur les corps de roue libre hyperglide (HG).
Ci-dessus : corps de roue libre Uniglide 1ère génération. Les cannelures extérieures sont de largeur identique et comportent à leur extrémité un filetage pour le vissage du dernier pignon (qui peut descendre jusqu’à 12 dents).
Sur les premiers modèles Uniglide, l’axe du corps de roue libre est serti au moyeu. Impossible donc de le remplacer par un corps de roue libre Hyperglide qui donnerait accès aux pignons actuels. Si les pignons HG peuvent être adaptés d’un simple coup de lime, le dernier pignon nécessite en revanche de puiser dans les stocks anciens du standard Uniglide. C’est à ce prix qu’on conserve la paire de roues d’origine et leurs jantes Mavic Spécial Sport.
À l’arrière, la cassette étroite 14-24 offre un étagement peu homogène en se contentant paresseusement d’augmenter la denture de deux en deux du début à la fin.
Les dérailleurs, comme la plupart des composants, appartiennent à la famille 600 Arabesque. Ils mêlent alu et acier chromés, ce qui n’empêche pas le poids de rester en général raisonnable (dérailleur arrière : 193 g / dérailleur avant : 109,8 g). Ayant des marchés à conquérir, le début des années 80 était l’époque où Shimano avait le souci de faire de beaux composants :
Le soin apporté à l’aspect des composants, qui a donné son surnom « arabesque » à la gamme, se retrouve plus particulièrement sur les leviers de vitesses qui, il faut bien l’avouer, tomberont plus souvent sous le regard du cycliste que les dérailleurs eux-mêmes.
À l’avant, l’une de nos rares modifications a consisté à remplacer le plateau intérieur de 42 par un plateau de 38 dents, moyennant un petit usinage pour éviter que la chaîne ne touche l’extrémité des branches du pédalier. Le développement plancher de 38×24 donnera ainsi davantage de marge que le 42×24 d’origine.
L’un des aspects sympathiques des groupes Shimano de l’époque est qu’il suffit d’une seule clé pour démonter une bonne partie des composants du vélo. Alors que les pédaliers européens d’alors ne peuvent être retirés qu’avec un démonte manivelle, Shimano introduit le système des vis auto-extractrices, aujourd’hui largement répandues. En étant desserrée, la vis d’axe vient buter contre le cache-poussière en alu et repousse ainsi la manivelle hors de l’axe.
Ces vis auto-extractrices sont un des éléments du système One key release de Shimano, c’est-à-dire une seule clé pour (quasiment) tout démonter. La clé allen de 6 permet ainsi de démonter/desserrer pas moins que : les manivelles, les étriers de freins, la tige de selle et le chariot de selle, le collier ainsi que le câble de dérailleur avant, les axes et le câble du dérailleur arrière, les pédales, le cintre et la potence.
Cela simplifie évidemment les interventions sur le vélo mais cela permet aussi et surtout d’alléger la trousse à outils du cycliste, ce qui n’est pas moins intéressant que d’alléger le vélo lui-même.
Comme les dérailleurs, les étriers de freins Shimano 600 mêlent à peu près à part égale l’acier et l’alu. Là encore, les parties en acier chromées sont celles qui ont le plus mal vieilli :
Alors qu’il suffira d’un bon coup de chiffon pour redonner son éclat à l’alu :
Les étriers disposent d’une molette de réglage de tension et d’un desserrage rapide. Dans les faits, le diamètre de la molette est trop petit pour permettre un réglage facile; quant au desserrage rapide, il n’écarte les patins que de 2 mm. C’est suffisant pour laisser passer des boyaux de 23 montés sur les jantes Mavic de 21,5 mm, mais cela ne permet pas de faire sortir les Vittoria de 27 mm que nous avons installés.
Les leviers qui les actionnent sont quant à eux joliment ajourés et le gros rivet rouge fait office d’emblème japonais :
Les pédales sont elles aussi japonaises. Elles sont relativement légères (336 g la paire) grâce à leur corps et leur cage en alu. Un petit démontage leur a permis de retrouver tout leur lustre et surtout leur fluidité de roulement.
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Une fois le tout nettoyé et remonté, on découvre un vélo agréable à rouler et qui, bien que lesté d’une selle Brooks, affiche un honnête 9,5 kg sur la balance.
Et on peut facilement y adapter des garde-boue pour une utilisation tout temps grâce notamment aux œillets filetés des pattes avant et arrière :
Les SKS Bluemels dans leur version la plus étroite sont compatibles avec les anciens cadres route tout en offrant un espace suffisant pour les boyaux de 27 mm :
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Fiche technique
(les composants rapportés sont en italique)
Cadre : 50 (H) x 53 (L), à raccords
Boîtier de pédalier : Shimano
Moyeux : Shimano
Jantes : Mavic Spécial Sport
Boyaux : Vittoria Pave CG – 27mm
Jeu de direction : Shimano 600
Potence : ?
Cintre : Guid
Étriers de frein, leviers de frein : Shimano 600
Ruban de cintre : Newbaum’s
Fil de finition : Hellis
Dérailleurs avant et arrière : Shimano 600
Leviers de vitesses : Shimano 600
Pédalier : Shimano 600
Chaîne : Shimano Uniglide
Pédales : KKT / Kyokuto Pro Vic II
Cale-pied : Christophe
Sangles : Christophe
Tige de selle : Sugino SP-H
Selle : Brooks
Porte-bidon : Zéfal Pulse alu
Garde-boue : SKS Bluemels Olympic racer (35 mm)
Encore un joli remontage!
les vélos des années 60-80 me font de la peine au coeur car j’admire leur tubes fins et légers, mais quand je remarque l’espace entre les bases offert pour le passage des pneus, et bien… j’en prend un coup au morale (quoique vous avez réussi à monter du 27..)! Dommage car ces vélos feraient d’excellents compagnons….
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Merci pour le compliment. On a encore parfois de bonnes surprises avec des cadres des années 70, surtout s’ils sont équipés d’oeillets, mais plus on avance dans les années 80, plus l’espace pour les pneus rétrécit effectivement.
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Bonjur, bravo pour cette superbe restauration. On a offert à mon fils ce meme vélo (!!)que nous devons restaurer. est il possible d’échanger ? bien a vous
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Avec plaisir. J’ai répondu à votre message sur FB. Vous pouvez aussi me joindre via la page contact de la boutique: http://cyclodonia.com/index.php?option=com_foxcontact&view=foxcontact&Itemid=616
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Bonsoir,
Je déterre cette présentation très intéressante, je possède ce cadre et j’aimerais connaitre le code couleur de ce cadre gitane vitus vuelta.
Merci d’avance pour la réponse.
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Bonjour, nous n’avons plus pour le moment ce vélo dans notre atelier pour pouvoir vous donner un code couleur précis. Bonne recherche.
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Bonjour,
pour info, il s’agit en fait du bleu métallisé alpine (alpine de chez Renault) 462 ou 485 qui correspond à la référence 53920 de chez MOTYP.
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Merci pour l’information.
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Bonjour,
j’ai lu avec grand attention votre restauration, super boulot et photos merci! j’ai le même vélo en cours de restauration mais je l’ai récupéré sans ses roues…sauriez-vous me dire de quelle taille de jante il s’agit s’il vous plait? j’ai testé pour voir avec une jante de 26 pouces de VTT, trop petit, la jante arrive sous le patin ; )
Donc je dirais 27,5 (650 B) peut-être ? merci par avance pour votre aide.
Anthony
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Il s’agit de roues de 700. Le 650B n’équipait jamais les machines haut de gamme des fabricants en grande série, a fortiori sur des modèles route. Des roues anciennes avec cassette de 6 vitesses se trouvent assez facilement d’occasion. Pour un remontage de roue avec des composants neufs, les jantes Grand Bois Abeille en 32 trous semblent tout indiquées.
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Merci beaucoup, je vais regarder cela!
Je vous souhaite une bonne soirée
Anthony
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Bonjour, pour ma part mon vuelta gitane identique à celui décrit sur ce site est équipé en mavic GP4 anthracite de 700 avec des mâchoires shimano arabesque (identiques au shimano 600)
Christophe
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Merci pour vos réponses et confirmations, je sais donc dans quelle direction regarder à présent !
Bonne soirée
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