Commençons la revue de détail des machines du concours par les six lauréats de l’édition 2017 (les 3 présents sur le podium puis dans un prochain article les trois autres constructeurs à avoir été primés). Comme l’année dernière, j’ai eu l’occasion de rédiger les notices consacrées aux machines dans le magazine 200. Je vais donc ici surtout mettre en lumière certains détails qui méritent d’être retenus et je renvoie au n° 13 de 200 pour les informations générales sur les machines, pour le dossier complet consacré au Concours et pour les belles photos de Nicolas Joly.
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PechTregon (Bruniquel – Tarn-et-Garonne)
- 1er prix du Concours de Machines
En général les cyclotouristes n’aiment pas trop la compétition. Ils lui préfèrent l’émulation. Et ça, le concours de machines – c’est sa réussite – en donne l’occasion à plus d’un titre. Et puis il y a ceux, comme PechTregon, qui sont poussés par la forme suprême de l’émulation : l’émulation avec soi-même. Médaille de bronze lors de la 1ère édition, Matthieu Chollet, le cadreur de PechTregon, avait pourtant le sentiment de n’avoir fait qu’une partie du chemin avec sa machine et de pouvoir encore l’améliorer, substantiellement.
La base reste donc la même, celle d’une randonneuse polyvalente qui ferait la synthèse entre VTT, cyclocross et vélo de route. Le procédé aussi, et les cordons soigneux de soudure TIG montrent que Matthieu Chollet le maîtrise parfaitement.
Le freinage à disque permet de varier le diamètre de roue et le cadre accepte ainsi aussi bien des roues de 700 à section étroite que des pneus de VTT en 27,5 x 2,1’’ (sans les garde-boue). Questions pneus, PechTregon avait monté une fois de plus la section la plus large du concours (48 mm avec garde-boue).
Le cintre est une fois de plus évasé à ses extrémités pour favoriser au besoin la maîtrise de la machine en terrain accidenté. Quant au cadre sloping, il associe à nouveau des tubes à gros diamètre pour le triangle principal à des tubes nettement plus fins pour la fourche Truss et les haubans, ce qui rend les vélos de PechTregon si facilement reconnaissables. Et la fourche Truss achève de signer l’origine du cadre :
Certains détails de conception ont été conservés et associés à de nouvelles améliorations. On retrouve ainsi la patte de dérailleur pivotante destinée à limiter les risques de casse, le protège base constitué d’une sangle de cale-pied vissé…
Parmi les nouveautés, l’une des plus intéressantes est l’utilisation d’axes rapides traditionnels utilisés comme axes traversants légers. Plus besoin de serrage en bout d’axe : c’est le filetage de la patte du cadre qui en fait office. De l’autre côté, une simple clé allen, la même qui sert au démontage du cadre, suffit pour le retrait des roues.
Le cadre, et c’est une autre nouveauté, est en effet démontable :
Il suffit de dévisser les anneaux, les attaches de hauban et les pontets pour replier le triangle arrière sous le triangle principal.
Les garde-boue sont en partie démontables :
Un rayon parti du serrage de selle, et prolongeant impeccablement la ligne du sloping, maintient la partie amovible du garde-boue, qui repose elle-même sur la partie fixe :
L’ensemble de ces aménagements permet de compacter le vélo en moins de 10 minutes (Matthieu Chollet annonce 6 minutes), ce qui est mieux qu’un vélo « rinko » qui nécessite un peu plus d’une dizaine de minutes pour la même opération.
Enfin, à l’avant, si la fourche Truss avec laquelle PechTregon avait surpris son monde est conservée, les améliorations là aussi ne manquent pas. Elle accueille désormais un porte-paquet et un décaleur de sacoche.
L’année dernière le feu arrière de la PechTregon n’était pas relié à la dynamo. Il n’était pas le seul à avoir fait ce choix : on a coutume d’évoquer la grande autonomie des feux arrière à batterie et leur caractère moins vital sur les chemins qu’un feu avant. C’est oublier que le feu arrière est utile aussi de jour par temps de pluie ou de brouillard. Sur cette nouvelle machine, l’intégration de l’éclairage est désormais parfaite avec une patte dédiée sur la fourche et un routage interne du câble vers le feu arrière, dissimulé sous la selle.
La potence n’intègre plus les leviers de vitesse, mais toujours une pompe, une sonnette et l’attache supérieure de la fourche.
Plus complète, la machine est aussi un peu moins légère que celle de l’année dernière. Mais à 11,3 kg tout équipée, et avec le matériel de réparation disséminé sous le tube diagonal, dans le tube de selle (qui recèle notamment des rayons de rechange !) et dans le tube de direction, on reste bel et bien dans le cahier des charges de la randonneuse légère. Cette machine était surtout l’une des plus inventives du concours.
– http://pechtregon.tumblr.com/
– https://www.facebook.com/pechtregoncycles/
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Les autres articles consacrés au Concours de Machines 2017 :
- 1ère partie : l’enfer d’Ambert
- 2e partie: le podium du concours de machines : Pechtregon – J. P. Weigle – Cyfac
- 3e partie : les prix spéciaux
- 4e partie : la jeune garde – part. I – part. II
- 5e partie : les grands noms (à venir)