Larix
- meilleur rookie
Les réalisations présentées par les cadreurs débutants à ce concours étaient globalement d’une grande qualité, ce qui donne toute sa valeur au prix du meilleur Rookie remporté par Larix.
Prudent, Larix a fait des choix globalement simples en présentant une randonneuse sans garde-boue et en ayant recours pour la potence et la fourche à des composants du commerce. Un choix qui a un peu moins de panache mais qui a permis à la machine d’être la plus légère de la catégorie Rookie.
Le cadre, soudé TIG, est constitué d’un habile panachage de tubes Columbus (1,7 kg pour le cadre nu). Il accepte des pneus jusqu’à 42 mm (sans garde-boue).
Outre son routage interne, une attention particulière a été accordé à l’éclairage et au circuit électrique.
Un tube intégré au porte-bagage sert de guide-fil :
Les supports de feu avant et arrière sont des réalisations personnelles :
Le phare à hauteur du cintre, s’il peut voir son faisceau en partie masqué par une sacoche volumineuse, permet au moins l’accès direct à l’interrupteur.
Surtout, la dynamo (Velogical) alimente un chargeur dont la prise USB a été intégrée sous la potence. Une fonctionnalité désormais quasi indispensable pour la longue distance :
Le porte-bagage est de réalisation personnelle. Même s’il était équipé d’un sac sur-mesure, on apprécie l’intégration des passants qui permettront d’utiliser une grande variété de sacs et de chargements.
Larix a réussi à monter son porte-paquet sur une fourche qui n’était pas vraiment prévue pour en recevoir. Il a utilisé en haut les tasseaux de frein, en bas les œillets de garde-boue. Ce dernier point est un peu plus gênant car il obligeait les tringles de porte-bagage à croiser les fourreaux pour rejoindre l’arrière des pattes.
La machine – comme celle de Nomad – était équipée d’un jeu de roues Mavic Ksyrium elite allroad. C’est l’opportunité qu’a eu le cadreur de Larix sur cette paire de roues qui a guidé un certain nombre de choix sur la machine. Mavic y transgresse pourtant les règles du montage de roue : le montage radial, exigeant pour les flasques, est situé justement côté roue libre, là où la tension des rayons est la plus importante, et transfère toute la fonction de traction sur le flasque gauche, alors que la tension des rayons y est moindre.
Inévitablement pour un coup d’essai, il y a quelques pistes d’amélioration : les axes traversants auraient par exemple offert une solution plus rigide et plus sûre pour un freinage à disque. Mais Larix aura fait pour l’essentiel des choix cohérents et bien réalisés. En somme, tout en arrivant avec une proposition modeste, Larix a su soigner les détails pratiques, parfois jusque là où on ne l’attendait pas :
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Grand Bois (Kyoto – Japon)
- meilleure finition
Grand Bois aura présenté à ce concours l’une des réalisations les plus soignées mais je n’ai pas eu le temps de photographier cette machine qui était pourtant un véritable plaisir pour le yeux.
De mémoire et en renvoyant pour plus de détails vers le blog et l’Instagram de Grand Bois, les principaux points à retenir sont :
Un souci d’allègement récurrent
La machine de Grand Bois était sur la balance la plus légère (9,55 kg avec sacoche, pompe et outils). Le prix de la légèreté lui a cependant logiquement échappé après la casse de son dérailleur arrière. Bien que le dérailleur ait été considérablement évidé, c’est en fait au niveau de l’œillet de fixation à la patte de dérailleur, fragilisé par des perçages, que la casse se sera produite. Le dérailleur et la sonnette, spectaculairement évidés, étaient en fait la partie la plus visible d’une entreprise d’allègement généralisée à l’ensemble de la machine avec des solutions souvent comparables à celles de J. P. Weigle: des tubes légers (0.7-0.5-0.7) produits par Kasei, une tête de fourche à plaquettes, des freins à tirage central, un levier de changement de vitesses au cadre, du câblage externe avec gaînes à structure en alu, le recours à la visserie titane…
Une randonneuse Rinko
Comme la randonneuse de Weigle, la randonneuse Grand Bois était prévue pour un compactage rapide.
Le Japonais privilégie un système plus minimaliste ne nécessitant le retrait ni de la fourche, ni du cintre. Leur retrait reste cependant possible pour un résultat plus compact (mais qui prendra un peu plus de temps) grâce aux câbles très facilement démontables des freins à tirage central, à la manette au cadre et au fait que le feu arrière sur batterie soit indépendant de la dynamo (contrairement à J. P. Weigle qui disposait d’une fiche pour déconnecter sous le tube de direction l’alimentation interne du feu arrière, solution un peu plus complexe à réaliser mais offrant évidemment une meilleure autonomie).
Un hommage à la randonneuse française classique
Les leviers Mafac et la manette de changement de vitesses Simplex avaient ici presque valeur de manifeste : la randonneuse Grand Bois affiche clairement sa référence – et sa révérence – à la randonneuse française classique. Mais comme chez Weigle, cette référence, loin d’être une pure manifestation de nostalgie, est aussi le moyen d’alléger la machine avec une redoutable efficacité. Partout ailleurs, les reproductions Grand Bois des composants classiques sont omniprésentes: jeu de directions, potence, jantes, pneus, étriers de frein, cintre… L’une des réalisations les plus notables de Grand Bois étaient les moyeux à flasques rivetés, directement inspirés des moyeux Alex Singer et dont le dessin technique, remis par Ernest Csuka à Ikuo Tsuchiya, le patron de Grand Bois, a été précieusement conservé. Ces flasques ne sont certainement pas les solutions les plus légères et s’ils augmentent très légèrement la rigidité latérale de la roue, en agrandissant l’angle formé par les rayons des deux côtés, c’est ici surtout le rendu esthétique qui aura marqué des points.
Une réalisation d’exception
Toutes les parties de la machine semblent atteindre une forme de perfection en terme de réalisation : le poli impeccable des pièces alu, le porte-paquet à forme ovale, la butée de gaîne du frein arrière et jusqu’aux tringles de garde boue… Le plateau, réalisé en usinage 3D, est non seulement une très belle pièce mais il permet, avec légèreté, d’obtenir un mariage réussi entre la transmission mono-plateau 1×10 (avec cassette 11-36) et l’esthétique de la randonneuse classique.
Il était évidemment esthétiquement impossible de monter sur cette randonneuse un pédalier Sram ou même un simple plateau TA One en livrée noire. Même sur cette pièce moderne, la référence classique est présente puisque le montage se fait directement sur manivelle TA (Carmina). Une version pour manivelle Pro 5 vis (non présente sur la machine du concours) a d’ailleurs aussi été réalisée :
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D’autres photos de cette machine sont à retrouver sur le compte Instagram de Grand Bois et un compte-rendu extrêmement complet de la fabrication et du déroulement du concours (en japonais) est par ailleurs disponible sur le blog Grand Bois.
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Vagabonde (Montélier – Drôme)
- prix du jury
Vagabonde a présenté la plus légère des machines équipées en freins à disques du Concours. Cette performance s’est faite sans compromis puisque cette machine, taillée pour la vitesse, était dans le même temps entièrement équipée avec garde-boue, porte-paquet, et dynamo alimentant l’éclairage avant et arrière.
La réalisation était elle aussi complète avec potence, fourche et porte-paquet maison, chacune de ces pièces se signalant par sa belle facture.
Fourche droite à segments intégrant quatre points d’attache du porte-paquet en haut :
Et deux attaches supplémentaires au niveau des pattes pour accueillir un porte-bagage complet :
La potence est accordée au cadre :
Le porte-paquet était quant à lui à la fois élaboré et particulièrement léger.
La légèreté est aussi visuelle sur cette machine aux tubes Reynolds de faible diamètre qui, bien qu’équipée de pneus à large section (700×42 mm), semble taillée pour la vitesse : les bases ont été réduites au plus minimum, avec un passage de garde-boue parfaitement ajusté :
L’ambition de vitesse de la machine est par ailleurs attestée par deux indices imparables, le rouge brillant de la livrée et le porte-carte :
Côté équipements, les freins à disque associés à des axes traversants, la dynamo sur jante et les rayons plats confirment que ce sont avant tout les solutions à la fois efficaces, modernes et fiables qui ont été privilégiées.
Le câble du feu arrière remonte par la tige de selle via l’intérieur puis redescend à l’extérieur. La solution n’est pas des plus élégantes mais au moins le feu est-il situé suffisamment haut pour être bien visible et juste assez bas pour permettre l’utilisation d’une sacoche de selle:
À l’avant, c’est encore SON qui fournit l’éclairage :
Malgré l’efficacité affichée dans la plupart des choix, l’élégance classique n’a pas été oubliée : l’arrière en inox poli, tout en étant moins vulnérable que la peinture aux agressions subies par cette partie du cadre, se situe dans la lignée des vélos classiques aux extrémités chromées. Les portes-bidons en inox poli (Arundel) font le lien entre l’arrière du vélo et le porte-paquet. Le groupe Campagnolo Potenza (Vagabonde n’a pas cédé à la vague du mono-plateau) permet d’équiper cette randonneuse d’une transmission à la fois moderne et cohérente avec la finition polie des composants (tige de selle, garde-boue alu). Longtemps cantonné à la route pure, l’équipementier italien accepte désormais avec cette nouvelle gamme un « grand » pignon de 32 dents. En association avec un petit plateau de 34 dents, on obtient bel et bien une transmission de randonneuse – rapide certes mais randonneuse tout de même.
L’élégance, chez Vagabonde, se logeait parfois dans les plus petits détails comme avec l’intégration des tringles de garde-boue sur les pattes arrières :
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Le site du constructeur : vagabondecycles.com
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Les autres articles consacrés au Concours de Machines 2017 :
- 1ère partie : l’enfer d’Ambert
- 2e partie: le podium du concours de machines : Pechtregon – J. P. Weigle – Cyfac
- 4e partie : la jeune garde – part. I – part. II
- 5e partie : les grands noms (à venir)